Tara

Paris, hiver 2008-2009. De mémoire. Je revenais d’une session d’entrainement vélo le matin, à peine le temps de prendre une douche et je repartais avec mon petit boîtier découvrir une goélette, gracile, fragile et pourtant, qui revenait, elle, des glaces polaires. Fascination. J’ai pu monter à bord de la Baleine et faire alors mon premier reportage photographique. Si tant est que l’on puisse qualifier ce travail de « reportage ». Mais sans trop en avoir conscience, je n’ai pas eu envie, ce jour-là, de prendre des photos de « touristes ». Envie au contraire de dire une sensation et d’en faire récit. Même maladroitement. Et ce le fut, maladroit. Mais un déclic ce jour-là, c’est opéré. L’envie de dire et d’exprimer plutôt que de simplement prendre des photos, comme ça, sans « conscience ».
Cette petite goélette toujours aussi frêle et délicate à voir s’est amarrée à Lyon, pour l’hiver 2023-2024 donc. Les nouvelles règles imposent de s’inscrire et plus de place, il me sera impossible de monter à bord. C’est ainsi. Je me surprends à être aussi fébrile qu’il y a quelques années, envie de dire tout le respect que ce bateau tout d’alu m’inspire. Et je prends des clichés, toujours dans le froid, sans autre prétention que d’être dans mon émotion. Et toujours aussi maladroitement, j’en suis certain. Et ça aussi, ce n’est pas très grave. Savoir qu’elle est là, après ses circumnavigations pour étudier les océans, la pollution humaine et son impact, suffit au fond à me rassurer. Elle parcourt le monde et moi, je continue à apprendre en photographie. J’espère d’autres rendez-vous à l’avenir.